Un site de rencontres peut-il encourager l’adultère ?

10 Jan, 2021

Vous vous rappelez peut être qu’en 2015, un site américain de rencontres en lignes a publié des articles et collé des affiches sur les autobus, à Paris et en Ile-de-France, où était dessinée une pomme croquée accompagnée du slogan : « Le premier site de rencontres extra-conjugales » et vantant  « l’amanturière », « la femme mariée s’accordant le droit de vivre sa vie avec passion ».

La Confédération nationale des associations familiales catholiques a saisi la justice pour faire interdire les publicités de ce site faisant  la promotion de l’infidélité et des relations extra conjugales. La CNAFC estime que le devoir de fidélité comporte une dimension sociale relevant de l’ordre public de protection et que la publicité ne doit pas cautionner  des comportements illicites ou antisociaux.

Aux termes de la loi (article 212 du code civil), l’obligation de fidélité est l’une des obligations du mariage. Elle n’est imposée qu’aux époux mais pas aux concubins ni aux partenaires d’un pacte civil de solidarité. L’adultère constitue une faute civile qui peut conduire au prononcé du divorce pour faute. Les juges apprécient strictement voire sévèrement le devoir de fidélité allant jusqu’à juger que l’adultère, même postérieur à la séparation, même postérieur à l’ordonnance de non conciliation qui autorise les époux à vivre séparément, constitue une violation grave et renouvelée des devoirs et obligations du mariage justifiant un divorce pour faute. (Cass. 2ième Civ. 4 juin 1997 n°95-19401; 1ière Civ. 9 juillet 2008 n°07-19714 ; 1ière Civ. 4 mai 2011 n°10-17019 ;Cass. 1ière Civ. 9 nov. 2016 n°15-27968).

Dans l’affaire du site de rencontres, la Cour de Cassation retient que l’adultère ne peut être invoqué que par un époux contre l’autre et non par un tiers. Les associations familiales catholiques ne sont donc pas recevables à invoquer le devoir de fidélité pour demander une interdiction légale de la publicité pour des rencontres extra-conjugales à des fins commerciales. La Cour de cassation retient en conséquence que les publicités litigieuses ne peuvent pas être légalement interdites sur le fondement de l’obligation de fidélité entre époux.

La Cour de cassation constate qu’en toute hypothèse les publicités litigieuses ne contiennent aucune photo qui pourrait être considérée comme indécente et n’utilisent pas de vocabulaire susceptible de choquer les enfants. Elle estime que, même si les publicités télévisuelles en cause peuvent heurter les convictions religieuses de certains spectateurs, en faisant la promotion de l’adultère au sein de couples mariés, les interdire porterait une atteinte disproportionnée au droit à la liberté d’expression garanti par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme.

Ainsi, dans le même temps, le juge nous dit que la liberté d’expression permet la promotion de l’adultère mais que l’adultère est une faute civile légitimant un divorce pour faute et une condamnation à des dommages intérêts.

L’adultère est sanctionné mais promouvoir l’infidélité n’est pas interdit ! N’y-a-t-il pas un paradoxe ???

Cour de Cass. 1 Civ. 16 décembre 2020 n°19-19387

 

 

 

 

 

 

 

 

Autres publications

loi de finances 2024 : les principales mesures concernant les particuliers

🔹indexation et donc revalorisation du barème de l’impôt sur le revenu et des seuils correspondants de 4,8 %🔹 chaque membre d’un couple soumis à imposition commune bénéficie d’un taux individualisé de prélèvement à la source 🔹prorogations des dispositifs de faveur et...

Droit à l’image de l’enfant et vie privée

En moyenne, un enfant apparaît sur 1 300 photographies publiées en ligne avant l’âge de 13 ans si on regroupe ses comptes propres, ceux de ses parents ou de ses proches. La publication sur les comptes des parents d'images, de vidéos relatives à leurs enfants, en...

L’obligation de démarches amiables avant un procès

 Tenter une démarche amiable avant d'engager un procès est une démarche quasi obligatoire imposée par loi sous peine d'irrecevabilité de la demande. 👉 la TMFPO : tentative de médiation familiale préalable obligatoire avant de saisir le juge aux affaires familiales si...

La procédure d’adoption

Ravie d'être intervenue aux Etats Généraux du droit de la famille 2024 organisés par le Conseil National des Barreaux où se sont inscrits près de 2000 avocats, pour leur expliquer les dernières réformes en matière d'adoption. La loi du 21 février 2022 a ouvert...

Il n’y a pas d’âge pour avoir un avocat

l'enfant a le droit d'être assisté par un avocat et a le droit de le choisir, même sans l'accord de ses parents les avocats protègent et défendent les droits et intérêts des enfants, de tous les enfants qu'ils soient victimes, auteurs ou témoins ⚠️l’avocat est celui...

La nouvelle audience de règlement amiable

L'audience de règlement amiable dite ARA entrée en vigueur depuis 1ier novembre 2023 quand à lieu cette audience❓👉 en cours de procès : un juge doit être déjà saisi👉 dans les litiges qui concernent des droits dont les parties ont la libre disposition 👉à la demande des...

Succession : distinguer cadeau et don manuel

les faits : de le leur vivant, les parents de Paul ont régulièrement donné de l’argent, fait des cadeaux  à son frère/sa sœur. ⚰️ ouverture de la succession, demande de Paul : il s’agit de donations déguisées qui doivent être rapportées au moment de la succession....

avocat-specialiste

2, rue Jean Bonnardel - Immeuble le Topaze Bât B, 33140 VILLENAVE D'ORNON

121, cours d'Alsace et Lorraine, 33000 BORDEAUX

05 56 75 40 74

PRENDRE RDV

EN LIGNE

PREMIEr CONTACT

15 MINUTES GRATUITES