La notion de gaslighting est un mécanisme de manipulation mentale faisant douter la victime de sa propre perception de la réalité.
La pièce de théâtre Gas Light produite en 1938, connue sous le nom d’Angel Street aux États-Unis, ainsi que les adaptations cinématographiques de 1940 et 1944, sont à l’origine du terme qui fait référence à l’utilisation systématique par le personnage principal de la manipulation psychologique sur sa victime. Dans cette pièce, le mari cherche à persuader son épouse et son entourage qu’elle devient folle, en manipulant des détails de leur environnement.
En 2024, La cour d’appel de Poitiers a rendu un arrêt inédit en faisant référence pour la première fois dans une décision de justice à cette notion de gaslighting comme un arme clé du contrôle coercitif dans une affaire de violences conjugales.
Les faits : une femme a enduré pendant 7 ans des violences sous forme d’un isolement social, insultes répétées, menaces de mort, scènes de jalousie, choix vestimentaires imposés par le mari qui contrôle également le téléphone et réseaux sociaux de sa femme, strangulations fréquentes et une manipulation mentale qui ont poussé la victime à minimier la gravité des violences subies. A l’audience, la femme a déclaré : « c’était devenu habituel pour moi. Quand j’en parlais, je n’y croyais pas vraiment, je minimisais en me disant le chien aboie mais ne mord pas »
La décision de justice explique: » le détournement cognitif (gaslighting, dans la littérature anglo-saxonne) est une forme de manipulation mentale dans laquelle l’information est faussée dans le but de faire douter la victime de sa perception de la réalité. Des faits sont omis sélectivement pour favoriser l’abuseur, ou déformés pour dénier la santé mentale de l’abusée. La victime, mise dans un état de confusion, doute et perd confiance dans ses propres souvenirs ou appréciations des évènements, qu’elle va remettre en cause ou relativiser. »
Chambre des appels correctionnels Cour d’appel de Poitiers, arrêt du 6 novembre 2024